Seth, l’ultime réponse

Dans la grande cathédrale noire et silencieuse, je suis là, je suis seul, et je pleure…Juchée sur une vieille balustrade en bois, indifférent aux allées et venues des touristes bestiaux, je pleure, silencieusement, désespérément…

Une à une, les larmes roulent sur ma bouche, mon cou, comme une longue et dernière caresse. Devant moi, une vieille statue qu’illumine la rosace, qu’auréolent les bougies…Dans mes yeux, le brouillard et un feu triste, o si triste que les passants eux-mêmes se retournaient à mon passage. Dans mon âme, le vide, l’angoisse, la peur…d’étranges et pauvres mots qui se forment et s’étiolent, une vague prière couleur de désespoir et de solitude, une pauvre supplication qui ne s’énonce pas. Il faut froid et sombre dans la cathédrale déserte ou la foule s’agite et le silence, écrasant, indifférent m’enveloppe…Je suis la, et je pleure.. ;Dehors, je sais que le soleil rougeoie et que la Seine s’écoule, impassible, que la vie continue…Mais moi, ma vie s’est arrêtée un doux soir de Décembre, et ni Dieu, ni les hommes ne pourront jamais me la rendre 

 » J’ai cueilli ce brin de bruyère

L’Automne est morte, souviens-t-en

Nous ne nous reverrons plus sur terre

Et souviens-toi que je t’attends « 

C’était comme un soleil sans joie, une aube sans promesse, une terre désolée. Les grains du temps limpide égrènent la sentence. Noir, vide et lac de Jais, il pleure, je pleure. Les mots, les dires, les écrits, les promesses s’envolent… Le chagrin reste.  » Nous ne nous reverrons plus sur terre  » La sentence est limpide, claire et absurde. Plus jamais, je le sais, je voudrais le nier, mais que faire quand la réalité s’abat comme un couperet dans notre âme blessée. L’Adieu est la, il est absent Mon petit brin de bruyère reste collé comme une plume misérable au vide des phrases creuses et des silences impuissants  » Nous ne nous reverrons plus sur terre « , je ne la reverrai plus sur terre, ni ailleurs, ni jamais ! L’haleine fétide du désespoir m’englue dans le passé, l’Avenir et la Mort, dernière grille jetée entre moi et la Faux ….