Le 7 octobre 2025, la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’UNESCO, a récompensé 34 jeunes scientifiques pour leurs recherches prometteuses et leur engagement à transmettre leur passion à la future génération de chercheuses. Parmi elles, une doctorante de l’IRAMIS/SPEC, Julie Meunier.
Rencontre avec Julie Meunier à l’Iramis/SPEC :

Pouvez-vous nous parler de vos recherches ?
Julie : Doctorante en océanographie physique, je considère l’océan comme un fluide dont j’étudie la dynamique et les particularités (rotations, changements de densité, etc.). Je m’intéresse plus particulièrement à la turbulence dans l’océan, c’est-à-dire à ses mouvements chaotiques et imprévisibles qui se manifestent par des tourbillons pouvant atteindre jusqu’à 50 km de diamètre dans l’océan Austral.
Bien que la formation de ces tourbillons soit désormais comprise, leur influence sur l’évolution de l’océan à très long terme reste incertaine. Mon objectif : modéliser ces tourbillons et affiner leur prise en compte dans les modèles océaniques et climatiques du GIEC. Ces tourbillons jouent un rôle dans la capacité de l’océan à transporter le carbone ou encore les nutriments à travers les bassins océaniques.
Au quotidien, je m’appuie donc sur les équations de la mécanique des fluides. Ce qui me passionne, c’est ce travail à l’interface entre deux domaines complémentaires : la physique théorique et les enjeux climatiques.
Que représente pour vous cette distinction ?
Julie : Une reconnaissance importante de mon travail, mais aussi une occasion de mettre en lumière les contributions des femmes dans notre discipline. En physique – et notamment en turbulence – nous sommes encore très peu de femmes. Ce type d’initiative nous permet à toutes de nous rassurer sur notre légitimité dans un univers très masculin.
Tout au long de ma thèse, j’ai gardé en tête des exemples de femmes scientifiques avant moi, dont certaines lauréates de ce prix, ce qui m’a permis de mettre un visage féminin sur des carrières scientifiques. Je suis donc particulièrement touchée de contribuer à mon tour à la transmission d’une image plus féminine des sciences pour les doctorantes à venir. J’espère sincèrement que ce prix encouragera d’autres femmes à se lancer, et qu’il participera à la féminisation progressive du domaine de la physique théorique.
Quel message aimeriez-vous adresser aux jeunes femmes qui hésitent à se lancer dans une carrière scientifique ?
Julie : Vous avez les mêmes compétences que les hommes. Laissez-vous guider par votre curiosité : la physique vous attire, foncez ; les maths ou la chimie vous intéressent, lancez-vous ! Il n’y a pas de disciplines plus adaptées aux femmes que d’autres. Et peu importe le domaine que vous choisirez, vous serez toujours soutenue, même dans des milieux très masculins, et sans avoir à effacer votre féminité.
La thèse de Julie Meunier, dirigée par Basile Gallet (SPEC/SPHYNX) et soutenue le 29 septembre 2025, porte sur le « Transport turbulent dans des modèles idéalisés de la dynamique océanique méso-échelle » – Voir l’article des Brèves de l’Iramis n°344.
Voir le communiqué de CEA-DRF.
Voir l’annonce des Prix « Jeunes talents » – Communiqué l’Oréal – Unesco.