Issu d’une prestigieuse famille sicilienne, Ettore Majorana (1906-1938 ?) fut un physicien d’exception, introverti, solitaire et caustique. On ne put vérifier aucune des hypothèses émises à propos de sa mystérieuse disparition : suicide, assassinat, mort accidentelle, enlèvement par des services secrets étrangers, fuite en Amérique du Sud… voire refuge dans un monastère à la suite d’un sombre pressentiment – la physique serait en passe de se mettre au service de la violence la plus radicale. Collaborateur d’Enrico Fermi, Majorana écrivit neuf articles scientifiques epreints d’élégance et d’originalité. Certains ne furent compris qu’après la deuxième guerre mondiale. En 1933, peu de temps après la découverte du positron, il rédigea son dernier article, profond et prophétique. Il y propose une alternative à la théorie de l’antimatière formulée par Paul Dirac en 1931. Cette « théorie symétrique de l’électron et du positron », selon laquelle chaque fermion neutre serait confondu avec son antiparticule, pourrait s’appliquer aux particules fascinantes que sont les neutrinos, ainsi qu’à des particules prédites par les extensions supersymétriques du modèle standard, encore à découvrir.
IRAMIS-SPEC/LARSIM