Grace aux progrès analytiques réalisés au cours des dernières années, il est maintenant possible de doser les éléments réfractaires fortement sidérophiles (éléments du groupe du platine, rhénium et or), en ultra-traces dans les roches du manteau, avec une précision de l’ordre du pourcent de déviation relative. Ces éléments forment un groupe cohérent de traceurs géochimiques capables de fournir de nouvelles contraintes sur les modèles d’accrétion terrestre et de différenciation noyau-manteau. Des données analytiques de très bonne qualité, à la fois sur roche totale et sur minéraux analysés par ablation laser, sont maintenant disponibles concernant les roches du manteau terrestre les plus proches de la composition de la Terre Silicatée Primitive. Elles démontrent que les éléments fortement sidérophiles, loin d’être aussi inertes qu’on le pensait, montrent une très large gamme de fractionnements imputables aux processus pétrogénétiques du manteau. Il est capital de comprendre ces fractionnements avant de spéculer sur le signal hérité de la Terre Primitive.
Muséum d’Histoire Naturelle de Paris