Une question hante la mécanique quantique depuis plus de quatre-vingts ans: existe-t-il une limite supérieure en taille et en complexité pour qu’un système manifeste de l’intrication quantique ? Sans avoir la prétention d’apporter une réponse définitive, les études expérimentales que nous présentons montrent, à notre avis, que l’intrication quantique est intrinsèque à un cristal de KHCO3 pour un nombre d’atomes de l’ordre de la constante d’Avogadro et au-delà de la température ordinaire.
Le cristal de KHCO3 est composé de dimères centrosymétriques (HCO3–)2 liés par des liaisons hydrogène moyennement fortes et séparés par l’empilement des ions K+. Le sous réseau de protons possède les propriétés suivantes:
1- Tous les sites sont indiscernables;
2- La dynamique est séparée adiabatiquement de celle des atomes lourds;
3- Ce sont des fermions;
4- Ils sont totalement dégénérés.
Ces propriétés conduisent à l’intrication quantique de l’ensemble du sous réseau en une superposition d’états macroscopiques. Le postulat de symétrie de la mécanique quantique conduit à des états de spin virtuels qui peuvent être observés par diffraction de neutrons. Nous présenterons les interférences quantiques effectivement observées et comment elles sont corrélées à la structure du sous réseau. Nous montrerons également que ces interférences ne sont plus observées pour le sous réseau de deutérons (bosons) dans KDCO3.
A basse température, tous les protons occupent les sites marqués d’une flèche surLe sous réseau de protons est donc un objet quantique intrinsèque au cristal. Cet objet est dépourvu de dynamique interne: il est « super-rigid ». Il ajoute un solide cristallin à la liste des systèmes présentant des comportements quantiques macroscopiques: superfluides, supraconducteurs, BEC…
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