Les isolants Kondo forment une classe particulière parmi les systèmes à fortes corrélations électroniques. Contrairement aux « fermions lourds » métalliques, ces composés, pour la plupart à base de terres rares, présentent des propriétés semi-conductrices à basse température, mais avec une valeur de gap extrêmement faible (~0.01 meV). De plus, cet état disparaît lorsqu’on chauffe au-delà de quelques dizaines de kelvin, pour laisser place à un régime métallique dans lequel les ions 4f diffusent les électrons de conduction de manière essentiellement incohérente. Pour comprendre la nature de l’état de base responsable du comportement semi-conducteur, ainsi que le rôle joué par les effets cohérents (gap d’hybridation) ou locaux (états liés Kondo singulets), nous avons réalisé une étude détaillée de la réponse magnétique sur un composé type, YbB12, par des mesures de diffusion inélastique sur poudre et sur monocristaux, ainsi qu’avec des neutrons polarisés. Les résultats peuvent s’expliquer qualitativement par l’existence d’un gap dans le spectre d’excitations magnétiques, avec un mode dispersif de type « exciton de spin » stabilisé par les corrélations antiferromagnétiques. Des expériences de dilution par le lutétium non magnétique suggèrent cependant que des effets locaux sont à l’origine du gap de spin, ce qui implique de réexaminer, ou au moins de compléter, les modèles théoriques basés sur un mécanisme d’hybridation cohérente.
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