P. Dillmann, M. L’Hérithier
Les études menées depuis une vingtaine d'années sur la construction religieuse gothique ont brisé le mythe d'une architecture de pierre dépouillée de tout artifice, où des matériaux affublés de nombreux préjugés comme le fer, n'avaient pas leur place. Le discours s'est tant et si bien renversé que Ph. Bernardi introduit dans son article récemment consacré au Palais des Papes d'Avignon l’expression « Squelette de pierre ou squelette de fer ». Les différentes recherches menées sur le sujet sont cependant de portée inégale : beaucoup relèvent de la simple observation et peu d'entre elles font appel à tous les savoirs dont peuvent disposer l'archéologue, l'historien ou encore l'architecte, qui sont cependant nécessaires si l'on veut comprendre dans son ensemble la question de l'utilisation du fer dans l'architecture gothique. En effet, parallèlement aux prospections dans le bâti, qu'elles soient visuelles ou à l'aide d'un détecteur de métal, parallèlement à l'étude des archives médiévales avec les comptes des Fabriques, mais aussi contemporaines avec les registres des restaurations depuis le XIXe siècle, parallèlement donc, à ces outils traditionnels de l'archéologue ou de l'historien, l'analyse métallographique offre des perspectives différentes et complémentaires au chercheur du métal. Elle lui permet de retracer une partie de l'histoire de l'objet avant sa mise en œuvre dans le monument et de tenter de comprendre avec lui les différents gestes du forgeron constituant l'ensemble de la chaîne opératoire menant du minerai au produit fini. A ce jour notre équipe a pu étudier les alliages ferreux utilisés dans un certains nombre de bâtiments du Moyen Age tels que le Palais des Papes en avignon, la Cathédrale de Rouen, le château de Vincennes.