egardant par la fenêtre, je fus fascinée par un arbre. Un bête, un stupide, un vulgaire arbre. Il était là, penché, un peu triste, sa chevelure roussie par les flammes de l’an dernier dégoulinante sur ses épaules boisées. Se sentait-il vieux, ou seulement accablé par cette chaleur lourde et sèche qui suinte du ciel, des nuages tourmentés, des blocs de lave qui luisent au soleil.
Les criquets se sont tus au dehors. Ils écoutent monter dans le vent la lente litanie sylvestre, la lente et chaude litanie, couleur d’automne, odeur des aiguilles de pin et de la sève qui perle sur leur écorce comme des perles de sueur sur le torse d’un athlète. Ils écoutent, recueillis, le rire des écureuils espiègles qui jouent dans les buissons. Ils écoutent et ils prient, dans cette nature sereine. Moi, derrière cette fenêtre, je regarde l’arbre au loin, et je sens remonter dans mon âme la douce nostalgie de ceux qui ont un jour su. Et qui ne savent plus.