Horus, l’utopiste réaliste

Horus, l’utopiste réaliste

Je m’appelle Judas. Je suis juif . Pourtant moi, Judas, pour trois petits deniers, je vais trahir le Maître, mon Maître.

Je sais que mon nom va devenir symbole de trahison, de bassesse et de vilénie. Ma mémoire sera à jamais bafouée par les générations futures. Je serai méprisé, chassé de partout. Et pourtant, même sachant cela, même si je suis son disciple préféré, je vais Le trahir, et rien ne pourra entamer ma résolution. Car c’est le seul moyen de sauver le monde.

Il y avait un homme qui crut être Dieu et qui changea l’histoire. Guerre et paix. Histoires du monde, automatiques brouillons des lettres que l’on reflète, pour remonter le passé. Il y a longtemps, il y avait dans le désert, un homme nommé Horus. Et il s’assit sur la colline, et écouta la Nuit. Que lui dit la Nuit ? On raconte que c’était le Diable qui parlait, qui lui promettait milles béatitudes, mille bienheureusetés, la puissance et la gloire… Il écoutait. La puissance et la gloire, que lui importe ? Sait-il qui il est, la force de sa vie dans le poids de l’Histoire ? Il est assis sous l’Olivier, adossé à la Nuit, et il rêve en regardant les étoiles. Il pourrait être charpentier, élever ses gamins à l’ombre de la Judée, arroser le Terre de sa sueur, vivre. Mais il y a le Destin, les Etoiles qui lui chantent la litanie. La Puissance et la Gloire. Peut-on refuser la route soyeuse, peut-on vivre doucement à l’Ombre de la nuit ? La Nuit parla, et lui promit la Puissance et la Gloire, et il la prit toute. Il ne sera jamais ni obscur, ni commun, ni inutile. Il est Horus et il a changé la face du monde. On ne résiste pas aux accents de la Nuit. Guerre et paix, c’est ce qui s’ensuivit. Car la Nuit, comme toutes les maîtresses, n’aime le repos que lorsqu’il suit ou précède l’insomnie.

Désormais, vous en savez autant que moi. Le jour agonise lentement comme le fera mon Maître sur la croix. Dans une heure, je vais me lever, chausser mes sandales, et j’irais au Palais pour le livrer et recevoir ma médiocre récompense, et sceller Son destin, et sceller Ma mémoire. Puissent les génération futures découvrir un jour mon véritable rôle !