e sais l’odeur du temps dans les souvenirs défunts. Et le poids des regrets dans les mémoires ternies. Je sais l’envie de l’absolu et le goût des mystères, le remords des occasions perdues et des choses non concrétisées. Hier en fut une, peut-être. Il me suffisait d’un geste, d’une ouverture, d’un détail si infime…que je ne voulus pas faire, tant graves en sont les conséquences. Le paradoxe est là, moi, la femme de feu aux sentiments si passionnés, j’éteins sous l’eau de la raison chacun de mes mouvements internes. Peut-on connaître la force qui me pousse ainsi ? Je ne la connais pas encore bien, certains invoqueraient l’intuition, d’autres la prescience, d’autres encore la mémoire du passé-ou la méfiance. Qui sait ce que l’avenir réserve ? Qui sait ce qu’on doit croire, ou ne pas croire ? La vie n’est pas si simple, faite de cicatrices mal recousues et de plaies encore béantes. Je comprends le passé, déjoue le futur, et n’ose plus m’avouer à moi-même la vérité, cette petite phrase si courte qui me fait si peur en français que je n’osais plus me la répéter qu’en une langue étrangère. Y-a-t-il un avenir a tout ça ? faut-il faire confiance à ses impulsions, et terrer la bête raisonnante qui sommeille en moi et me fait tout analyser avec une lucidité infernale ? Y-a-t-il un avenir dans tout ça ? Si oui, LEQUEL ?