n feu, l’aube des derniers jours n’était plus supportable. Elle coulait sur le bord des matins, éclaboussant de ses larmes tièdes les volets du chemin. Comme elle était loin maintenant l’époque si chère du temps où les jours n’étaient pas des jours mais des heures, de longues, chères et tendres heures, des heures qu’on passait à les passer. J’aimais l’aube en ce temps-là, le reflet du ciel dans tes yeux qui ne me regardaient pas, ton sourire à un futur qu’on ne connaissait pas. Tu savais la réponse, toi, cette réponse que j’ai cherchée si longtemps. Je ne sais plus être ce que je devais être, c’est l’aube qui me fait divaguer. Il faut dire que c’est bizarre de ne plus pouvoir regarder une étoile se coucher, de ne plus cueillir une herbe ourlée de rosée et la goûter en pensant à l’année dernière, de ne plus penser aux roches moussues comme les portes de l’aventure mais comme des pistes d’envol et de repos. Je n’aime pas pleurer, ou me laisser aller, c’est juste que c’est dur, parfois, d’encaisser sans broncher les coups de butoir de la vie…Et de ne pas comprendre pourquoi.San Francisco