
a mie, sèche tes larmes et laisse moi te dire
Les étranges merveilles de la vie d’ailleurs
Les délicats parfums, les subtiles senteurs
Du monde d’avant la bombe au cruel souvenir
Laisse moi te guider, laisse moi t’emporter

Oublie ce ciel triste et ces frigides cendres
Oublie ces ombres noires et les mornes méandres
De ce temps pourrissant au goût d’éternité
Oublie-le à présent, il n’est plus temps d’y croire
Oublie donc ces fantômes aux pâles reflets fallaces
Je t’emporte avec moi dans un futur fugace
Je t’emporte, tu t’envoles, vers un nouvel espoir.
Car il y aura des matins aux reflets ocres et rose
Où le ciel écarlate explose de splendeur
Où le soleil vert émerge avec lenteur
Des brumes vaporeuses de l’aube aux doigts de rose
Il y aura des soirées bruissantes de cigales
Où les timides étoiles piquettent l’azur sombre
Où les nuages clairs portent de vagues ombres
Sur le disque argenté de la lune d’opale
Il y aura des hivers au lourd manteau neigeux
Où l’on se terre frileux près du feu crépitant
Où l’on écoute peureux la complainte du vent
Qui gémit sous la porte son désir insidieux
Il y aura des printemps resplendissants de vie
Où les bourgeons éclatent sous la sève virile

Où les ruisseaux sauvages bordés d’herbes fragiles
Sautent de fleur en fleur dans les vertes prairies
Il y aura des étés à l’haleine torride
Où les rochers moussus blanchissent de chaleur
Où les fougères rousses se tordent de douleur
Calcinées jusqu’au cœur par le soleil aride
Il y aura des automnes à la chevelure d’or
Où les bois moribonds se teintent de vermeil
Où les mésanges tristes au bec couleur de miel
Chantent dans les taillis la nature qui s’endort
Il y aura des fleurs, il y aura des arbres
Tu verras mon amour, tu verras la nature
Revêtir pour nous deux ses voiles les plus purs
Découvrir pour nous deux les plus riches de ses marbres
Et toi, tu seras là, tout à coté de moi
Frêle déesse aux yeux pers dans la nature glorieuse
Et tu resplendiras, ô mon étoile radieuse
Et tous tes rires clairs ne seront que pour moi
Et tous tes vils cauchemars ne seront que fantômes
Perdus au cœur du temps, dans un désert d’atomes.

